mercredi 24 juillet 2013

Pour vous parler un peu d'Avignon 2013...




Avignon se transforme chaque été en scène théâtrale pour toutes les compagnies qui ont assez d'argent et d'énergie pour tenir un mois de festival. Un mois d'applaudissements, de désespoir, de galère, un mois qui en met plein la vue aux voyageurs curieux de découvrir "le plus grand théâtre du monde". Si depuis bien longtemps on a compris qu'il fallait délaisser le In, dont la programmation sérieuse et chère est finalement peu intéressante, il est toujours compliqué de choisir parmi la multitude de pièces proposées dans le catalogue du Off. Je me suis finalement attardée sur six pièces, certaines dont je connaissais les compagnies/acteurs, d'autres qui m'étaient totalement inconnues. Voici mes coups de coeur Avignon 2013 (par ordre chronologique).

Sur le chemin d'Antigone - Agence de Voyages Imaginaires

Photos : Elian Bachini

Toute premier spectacle vu le soir du jour où j'ai eu mon bac (et oui on a de drôles de manières de fêter les grandes événements dans la famille). L'Agence se produisait en fête au festival Villeneuve en scène, juste à côté d'Avignon, dans un cadre idyllique, que j'aurais bien occupé pour fêter mon anniversaire... L'Agence de Voyages Imaginaires ça fait partie des compagnies qui vous en met toujours plein la vue à tous ses spectacles, qui vous fait vibrer, rire, pleurer, sans qu'on s'y attende vraiment. A chaque fois c'est neuf, c'est surprenant, c'est merveilleux. L'Agence de Voyages Imaginaires c'est surtout Philippe Car, anciennement présent dans les Cartoun Sardines, génialissime inventeur fou, toujours prêt à de nouvelles expériences théâtrales. Après avoir vu l'an dernier le fabuleux Bourgeois Gentilhomme, je projetais depuis un petit moment de voir ce que donne Antigone, puisque la compagnie passe ici dans un tout autre registre. Ici pas de Philippe Car sur scène, seulement trois comédienne, dont l'une, pilier de l'Agence est omniprésente. L'histoire d'Antigone est racontée par un personnage clownesque, Séraphin, qui à lui seul joue tous les protagonistes de cette tragédie. Si à certains moments on se surprend à sourire, on est toutefois bien dans le genre de la tragédie, avec toute la gravité que pièce comme celle-ci requiert. Les effets spéciaux (que je ne vous dévoilerais pas ici bande de petits curieux) sont à couper le souffle. Seul petit bémol, l'omniprésence d'une seule actrice sur scène, qui rend le coeur de la pièce, c'est-à-dire la confrontation Antigone/Créon, pas aussi poignante que prévu. 

Pour voir Antigone ou d'autres spectacles de l'Agence (El Cid, Le Bourgeois Gentilhomme....), vous pouvez vous renseigner sur leur site web


Roméo et Juliette - Compagnia dell'Improvviso 


Photos : ?


Spectacle vu, non pas à Avignon mais à Salon de Provence, joué au festival tous les soirs au Théâtre La Luna. C'était d'ailleurs assez stratégique de le voir ce jour-là puisque c'était l'une des rares représentations avec le Trio Zephyr en Live. Donc Roméo et Juliette c'est rien de très original dans le choix de la pièce, c'est le chef-d'oeuvre Shakespearien à tous les points de vue. On passe du rire aux larmes, c'est loin de tous les clichés qu'on nous a servi dans les films. Luca Franceschi metteur en scène de génie (que je ne connaissais pas) joue l'atout de la Commedia Dell'Arte dans une mise en scène aux tonalités italiennes. Déjà adepte du changement de personnages, je le trouve particulièrement intelligent ici puisque le deuxième personnage est souvent l'opposé du premier. Petit coup de coeur pour Nicolas Violin qui interprète Roméo, charmant à tous les points de vue, tantôt agaçant, tantôt bouleversant. Car la pièce de Shakespeare est profondément humaine, et chaque minute, à chaque seconde on voudrait empêcher ces personnages si attachants de courir à leur perte, mais la tragédie est déjà en marche, et le dénouement tant redouté finit par tomber, et c'est déjà fini. 
Pour conclure ce Roméo et Juliette c'était: bouleversant, magnifique, Shakespearien, italien, humain. 






A voir, à revoir. Pour toute information, la compagnie à un site web & une page Facebook


Marie Tudor - Compagnie 13

Photos : ?

Vu aussi à Salon de Provence, dans cette magnifique Cour Renaissance du château de l'Empéri. Je dois tout d'abord vous avouer que je ne connaissais pas du tout la pièce, et que je me suis à peine renseignée par le thème. Après quelques recherches post représentations, il faut que vous sachiez que la plupart des personnages de la pièce sont fictifs et que l'intrigue ne se fonde pas sur des faits réels. Ceci étant dit, parlons un peu de la mise en scène. Le décor est très très très minimaliste. Tout comme les costumes. La force est à rechercher uniquement dans l'intrigue, le texte et bien sûr le jeu d'acteur. La première scène est à vrai dire incompréhensible, deux des personnages portent des masques qui leur cachent la bouche, on entend donc strictement rien de ce qu'ils racontent. Par la suite ça se rattrape et ça monte en puissance. Si le début est un peu long, premièrement parce que les scènes se situent de nuit et sont donc très peu éclairées, mais aussi parce que Victor Hugo nous explique l'intrigue en détail avant de commencer l'action. Le suspense va en crescendo. Séverine Cojannot excelle dans le rôle de Marie Tudor en se montrant autoritaire, passionnée (et complètement folle si vous voulez mon avis...). Le personnage de Jane est cette touche de bleu dans ce ciel si sombre, comme une porte ouverte vers un monde meilleur. La pièce était à Avignon pour la deuxième année, avec un succès bien mérité en 2012. 

Des infos sur la compagnie, des bio et des tas d'autres trucs ici

Chapeau, Perrault ! - Théâtre en Stock

Photos : Dominique Chauvin

Quand on va à Avignon, faut au moins aller voir un spectacle jeune public au Collège de la Salle, c'est obligatoire. L'avantage c'est qu'il y en a beaucoup sur tous les thèmes, et qu'il reste souvent des places. Je pourrais pas vraiment vous expliquer pourquoi j'ai choisi Perrault, mis à part qu'il me semblait que j'arrivais en terrain conquis vu que c'est quelque chose d'assez traditionnel la plupart du temps. Le choix est ici de ne pas raconter un, mais tous les contes de Ma mère l'Oye, avec pour fil conducteur un vieux grand-père (pas si vieux) et sa petite-fille (pas si petite). Le spectacle est toute fois un peu brouillon par moment puisque les deux personnages se perdent dans les contes, ce qui n'est pas gênant pour les contes qui sont très connus, mais l'est un peu plus pour ceux qui sont très peu connus (du genre Grisélidis dont je n'ai toujours pas compris l'histoire). Deuxième bémol, le spectacle s'adresse dans le catalogue à des enfants à partir de six enfants, toutefois, je trouve l'âge un peu bas, puisque certains personnages sont absolument effrayants, comme l'Ogre qui arrive avec une grosse voix, un tablier plein de sang et aiguise un couteau. Le gros point fort est sans contestation les costumes, les lumières et la musique, très à propos, et féeriques (j'aurais vendu tous mes Naruto au diable pour avoir les mêmes chaussures que Cendrillon). Et puis j'ai eu un coup de coeur pour ces deux acteurs qui portent la pièce, et jouent tous ces personnages si différents à chaque fois ! Et puis pour terminer je les aime bien aprce qu'ils viennent de Cergy Ponpon (la classe quand même !).

Alors, actualités et tout, et tout sur le site.

Brigade Financière - Nathalie Mann/Jean-Marie Galey

Photos: Denis Tribhou


Alors ça, c'était l'une des pièces incontournables d'Avignon 2013 où il fallait réserver sa place trois jours avant, et où il y avait toujours une vingtaine de personnes sur liste d'attente. Parce que Nathalie Mann c'est la grande star après La Papesse Américaine (qui était une véritable tuerie et je pèse mes mots), est revenue cette année dans une pièce clairement politique au côté d'un ex-pensionnaire de la Comédie Française. Premier reproche: la salle est minable ce qui fait qu'on doit constamment bouger pour voir les acteurs évoluer sur scène. Si les acteurs sont  sont au top, la pièce est bien écrite mais enfonce des portes ouvertes. Ça ressemble dans les grandes lignes à l'Ivresse du pouvoir (sans ivresse du pouvoir). Un peu long par moment, peu de suspense, dommage. Bien mais pas inoubliable. 


Être ou ne pas être - Compagnia dell'Improvviso 

Photos : ?


C'est peut-être le plus gros coup de coeur de cette saison. Dernier spectacle vu, adieux à la magie d'Avignon. Si on s'attend au départ à voir un spectacle sur Hamlet, c'est un leurre (et c'est peut-être pour ça que c'est aussi génial). Luca Franceschi (dont je vous ai déjà parlé un peu plus haut), seul sur scène évolue dans un cadre très intimiste, autour des principaux monologues de l'oeuvre Shakespearienne. Difficile de vous parler de l'histoire sans vous dévoiler l'intrigue. Tout est parfait dans le genre, la lumière, la musique, le jeu d'acteur. La pièce, très drôle, se finit sur une pointe d'émotion et il est bien difficile de sortir de la magie  théâtrale offerte si généreusement sur scène. On y retrouve également ce théâtre italien, cette tradition de théâtre de tréteaux qui devait être chère à Shakespeare à son époque. Brillant, intelligent, on voudrait ne jamais quitter la salle est assister à la fameuse "représentation éternelle".  Alors finalement pas besoin de Théââââââtre avec un grand T pour être vrai, c'est ce que nous a montré cette joyeuse troupe que je vais suivre de très près!




A voir, à revoir. Pour toute information, la compagnie à un site web & une page Facebook


Voilà c'était quelques mots d'Avignon,

A bientôt les Loulous,

Bobbie. 

jeudi 11 juillet 2013

Marius - Daniel Auteuil (Ou comment plagier légitimement un film)




Une fois de plus la tornade Daniel-Auteuil-je-ne-suis-pas-réalisateur-mais-je fais-comme-si a encore frappé. Après le désastre de La fille du puisatier, Monsieur Auteuil se lance à présent dans la trilogie, le chef-d'oeuvre de Pagnol: Marius, Fanny, César. Au premier abord je me dis que je vois pas bien l'intérêt d'un remake, mais après tout pourquoi pas, si un nouvel angle de lecture s'ouvre et si le réalisateur fait preuve d'une véritable mise-en-scène. Au deuxième abord, je me dis que Raphael Personnaz me fait vraiment craquer avec ses yeux bleus océans et qu'il faut que j'aille voir le film rien que pour me noyer dedans.
Autant dire que dès les premières minutes je me suis fait chier (pour ne pas rester polie), pour les raisons suivantes :

1. La mise en scène est complétement calquée sur le film original donc je vois pas bien l'intérêt, c'est plutôt du plagiat que de la création. Aucune touche personnelle, aucune liberté, bref inintéressant.

2. Mais qui a eu cette idée pourrie de faire parler des acteurs non marseillais avec l'accent du sud, on dirait des nordiste qui parodient les gens du sud. C'est grotesque et ridicule.(Dis Raphael, pourquoi? pourquoi?)

3. Aucune direction d'acteurs et ça se voit. A part Rufus qui joue très peu, ils parlent tous très faux, surjouent. Darroussin, mais qu'est-ce-qui s'est passé?? Toi qui joues si juste d'habitude, pourquoi me faire ça??

4. Marie-Anne Chazel, trop de comique tue le comique. Le personnage est totalement incohérent: une poissonnière bourgeoise HA. HA. HA.

5. Trop de clichés. Le canotier, le petit foulard (qui soit dit en passant ressemble à un lacet) etc. C'est beaucoup TROP.

6. Les décors. Si je peux concevoir qu'au temps de Pagnol les décors ressemblaient à du carton pâte, je pense qu'aujourd'hui on a assez de moyens pour rendre les décors un peu plus réalistes. Parce qu'encore une fois ici, ça frise le ridicule.

7. Cette chanson de Charles Trénet à la fin du film n'a aucun rapport, mais pour le coup aucun.

8. Daniel Auteuil n'est pas et ne sera jamais Raimu.

Pour les points positifs, la lumière est pas mal. Et c'est tout.

En bref, si on aime la Provence, Pagnol et Marius, on part en courant au risque de dépenser de l'argent pour rien.


lundi 1 juillet 2013

Ginger & Rosa



Bon c'est le premier vrai article du blog (parce qu'avant c'était du bidon), et ça tombe sur ce film, et bien parce que c'est le dernier film que j'ai vu au cinéma. 
Alors pour commencer, il faut vous dire qu'au départ ça m'emballait pas du tout d'aller voir ce film, parce que ça ressemblait encore à une histoire de lesbiennes (soit dit en passant je n'ai rien contre les lesbiennes, mais je pense qu'il suffit pas d'avoir deux jolies filles qui se roulent des pelles pour faire un film), en plus de ça, soutenu par Téva, la chaîne qui diffuse jour et nuit Une nounou d'enfer, et que pour terminer le résumé allociné est, disons, très minimaliste: Dans le Londres des années 60, deux adolescentes vivent une vie paisible et rêvent d'un futur plus agréable que celui de leurs parents. Mais quand débute la Guerre froide, leurs vies vont changer considérablement...



Il faut croire que j'aime tenter le diable vu que malgré tout ces paramètres, je suis quand même allée voir Ginger & Rosa (parce que ça parle du Royaume-Uni et que théoriquement j'aime tout ce qui touche de près ou de loin au Royaume-Uni). Le film s'ouvre sur la charmante image de deux femmes en train d'accoucher, puis on voit à différentes étapes de l'enfance Ginger, la jolie rousse (en à peu près cinq minutes), ce qui me pousse à dire que le début est assez flou, trop rapide, comparé à la suite du film. Je vais pas faire une analyse séquence par séquence, mais je dois dire qu'esthétiquement, Sally Potter réussit un coup de maître avec des scènes qui atteignent une certaine perfection (par exemple celle où Ginger de désespoir court dans un parc)



Jolie couleur également adoptée par le film, qui donne une ambiance très 60s et très londonienne. Excellent choix des deux actrices principales Alice Englert et Elle Fanning, avec un petit coup de coeur pour Elle Fanning, que je découvre dans ce film et que je vais suivre d'assez près je pense. Sur un fond de guerre froide, le film se défend assez bien en posant des questions d'ordre politico-sociales, sur les conventions, la famille, ce que l'on peut faire ou ne pas faire. Seul gros bémol, le rythme  reste quand même assez lent et il y a pas de moment où on a envie de sortir de la salle, parce que c'est pas très vivant... 

Conclusion: pas le meilleur film de l'année, mais si on aime les années 60, Londres et les cheveux roux, on  peut passer un bon moment.